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[RP] Un requiem pour une damnée

 
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Lórwen
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MessagePosté le: 02/02/2010 15:07    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
Déjà, j'savais pas trop dans quelle partie mettre ça. Y'a des post d'absence un peu partout xD Ici ça ira imo :p

Voilà le premier background complet que j'ai écrit, pour mon premier main. Ça date d'il y a... 2 ans je dirais.

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I.D'ombre à lumière

De la douleur...
De la peur...
Dans une petite bâtisse reculée, abandonnée au cœur des plaines froides du nord de Lordearon, une femme allongée sur un lit de fortune souffrait. De la douce chaleur de la vie et des sourires qui avaient jadis animés ce visage, il ne restait plus rien. Il n'y avait plus que la peur, les larmes, les cris de la douleur et la lente et terrifiante complainte de la Mort, car cette femme mourrait... elle mourrait pour donner la vie.
Un homme, agenouillé à ses cotés, lui tenait les mains, secoué de spasmes et de sanglots. Il se penchait sur le corps meurtrit de celle à qui il avait confié son cœur et sa vie. Mais s'il semblait terrifié, il n'en était rien, car cet homme là s'était promis de ne jamais abandonner celle qu'il aime. Même dans les derniers instants.
-Eena! Eena, je t'en supplie, murmura-t-il doucement à sa femme, reprenant son calme. Mon ange... Je suis là, ne me laisse pas. Pas maintenant...
-Je... n'y arriverais... pas, Ulric, réussit-elle à susurrer entre deux spasmes de douleurs. Cela ne devait pas... se passer ainsi. Il ne m'avais pas... (elle reprit sa respiration) Je... Nous allons... mourir, tout les deux...
Ulric lui sourit, un sourire triste et plein d'amour. Elle savait que son heure était venue, tout comme lui le savait. Il ne chercha pas à nier ; il lui semblait que mentir eut-été le plus grand des sacrilèges, tout comme celui qu'eut-été un faux espoir, en cet instant de deuil.
-Elle vivra. Crois en moi, Eena, j'en fait le serment.
Et, à son tour, elle sourit. Mais, ce ne fut pas un sourire triste, ni même forcé. Ulric vit une dernière lueur de joie dans les yeux de sa bien-aimée, comme siy elle avait réalisé pour la dernière fois ô combien elle avait vécu -et vivait, jusqu'au dernier instant qui approchait- heureuse avec cet homme. Puis, elle sembla fournir un effort considérable, engendrant d'autre souffrance bien plus grande qu'auparavant.
Et , à cet instant, aux cris de la mère se mêla celui d'un nouveau-né. Ulric se précipita sur le petit être qui venait de voir le jour et était sa fille. Il la prit dans ses bras, avec toute la précaution du monde et l'amour qu'il lui était donné d'avoir pour une créature aussi fragile. Il la posa sur la poitrine de sa femme, qui regarda sa création, émerveillée. Toute souffrance semblait avoir disparu de ses traits, et il ne restait plus que la sérénité. D'une main, elle caressa le petit être gesticulant et humide, qui criait encore, sûrement inconscient de la tragédie qui se déroulait. Puis, Eena regarda celui qu'elle aimait, une dernière fois et la respiration lourde, elle prononça ses dernières paroles:
-Un peu d'espoir... juste un peu... d'espoir... Aedhel
Et le nourrisson se tut. Il y eut un silence dans la petite maison, et la nature même semblait s'être arrêtée, figeant l'instant de deuil dans un silence macabre.
Voici comment mourut Eena Ormal et naquit sa fille, Aedhel.

Mais, à l'instant où le père, pleurant, sépara définitivement sa fille de sa mère et la prit dans ses bras, on frappa à la porte.
Il aurait dû ne pas ouvrir. Il aurait dû ignorer, à cet instant, un visiteur importun, mais quelque chose, au fond de lui, ne pouvait admettre que la venue de quelqu'un à cet instant puisse être une coïncidence. Il alla ouvrir, le visage encore en pleurs, et vit sur le seuil de la porte, dans la nuit environnante, un vieil homme grand et sévère qui le regardait de ses yeux gris. L'homme dit alors d'une voix profonde:
-Sire Ormal. Je suis... sincèrement désolé pour votre femme, et je sais que le moment peut paraître mal choisit. Mais nous devons parler. Maintenant.
Et Ulric le crut.

II. Nulle foi pour les condamnés

-Aedhel! Aedhel, je t'ai déjà dit de ne pas utiliser ta magie en dehors de Dalaran! Tu veux provoquer une catastrophe?
La jeune fille, seule dans un sous-bois et qui s'amusait, avant d'être interrompue, à métamorphoser en diverses créatures plus ou moins naturelles un pauvre écureuil qui avait eut la malchance d'être à portée de magie, s'arrêta immédiatement. Elle se tourna vers le vieil homme, sévère, qui lui jetait des regards inquisiteurs. Elle sourit pour elle-même, avant de lever la tête vers son Mentor, arborant un air profondément désolé.
-Oui Maître Qae. Je suis désolée. Je ne le referais plus, je le promet.
-Tu ne maîtrise pas encore assez la Magie, voyons! Tu pourrais...
-Me blesser, oui, je sais, Maître, vous me l'avez dis tant de fois. "La magie est une Science compliquée, même pour les plus doués" Elle avait oublié à l'instant d'arborer son visage plein de culpabilité. Pourtant, je maîtrise parfaitement ce sortilège, Maître...
-Je suis seul à pouvoir en juger, Aedhel. Le jour où je te retrouverais métamorphosée en mouton dans les prairies qui bordent notre belle cité, je rirais bien. (Puis il pointa un doigt inquisiteur sur la jeune fille, et d'ajouter:) Et tu goûtera un peu à l'herbe des prés avant que je ne te libères du maléfices ; après tout, les moutons du Compté s'en portent à merveille. Viens donc, tu as des cours à prendre.

Aedhel avait grandit. Quinze longues années s'étaient déroulées depuis la mort de sa mère, qu'elle n'avait jamais vue mais regrettait pourtant au plus profond de sa chair. Elle avait grandit, et était devenue plus intelligente, belle et gracieuse que la plupart des jeunes filles de son âge. Voilà près de Quatorze ans qu'elle apprenait les Sciences de la Magie dans la cité violette de Dalaran, auprès d'autres jeunes prodiges ou fils de nobles familles. Et, selon ses mentors, elle se débrouillait bien ; suffisamment bien pour en être devenue légèrement orgueilleuse. Aedhel révait de devenir une grande magicienne du Kirin Tor, et pourquoi pas, membre de l'Ordre de Tirisfal. Mais, elle ne voulait pas se leurrer et savait le chemin parsemé d'embûches, c'est pourquoi elle travaillait dur... et en dehors des cours, au grand dam de ses instructeurs (et des écureuils des prairies alentours).

On lui avait rabâché durant ces longues années que la Magie était une Science complexe et non une chose innée, et que seule l'érudition et la patience menaient à une pratique parfaite de cette énergie, si tant était qu'une telle pratique existe. Pour tout ces "Magitechniciens", "Arcanistes" ou autres Savant, la Magie était une énergie absolue dont le vecteur est la Mana. Absolue, dans le sens où tout est Magie, où toute chose se compose intrinsèquement de Mana, de la matière des étoiles à la lumière qu'elle émettent. Le Vide lui-même est Mana. C'est ainsi, fort de ces principes, que les Mages de Dalaran pouvaient se targuer de maîtriser, à leur échelle, une énergie absolue, et donc d'exiger un minimum de respect de la part des trouffions et divers paysans de la région qui, pour leur part, ne comprenaient rien à rien à tout ce tafia. Ainsi, pour les mage, le druide ou le prêtre, le médecin ou le soldat, le roi ou le gueux, tous manient le Mana à leur façon, parfois sans le savoir. Les Dieux eux-même sont Mana (pour certain Theomagicien, les Dieux sont des êtres faits de Mana Purs, pour d'autre ils sont l'expression d'une volonté du Mana et non des créatures à part entière)
Au final, ce qu'Aedhel retenait, c'est la vision qu'avait les Mages du rapport entre l'Homme et la Magie, passant par la Science. La jeune fille n'arrivait pas à se satisfaire de cette vision. Elle voyait la Magie comme un art et non comme une science. Elle savait que la plus grande des magicienne, Aegwynn la Grande, dernière Gardienne qui mit à terre Sargeras lui-même, avait aussi cette vision de la Magie (ainsi que bien d'autre mage moins prestigieux, mais c'était pour Aedhel un bel exemple et une bonne raison de faire ainsi). C'est pourquoi elle s'entraînait, seule, afin de parfaire son art, et ce avec tout les risques que cela comprend, mettant parfois jusqu'à sa vie en danger par simple perfectionnisme.

Quand elle et son Mentor passèrent les portes de la Cité Violette, grandes et majestueuses, le vieil homme s'arrêta pour lui annoncer, gravement:
-Ton père est là, Aedhel. Il a avancé sa venue annuelle pour... t'annoncer quelque chose.
La jeune fille regarda son mentor, interloquée. Il était rare que son père puisse avancer quoi que ce soit, sa vie de paysan au service du Royaume étant difficile et chargée depuis l'agitation récente des Orcs. Aedhel était née alors que la Seconde Guerre prenait fin, mais les Orcs montraient un regain d'activité inquiétant dans le nord d'Azeroth depuis peu, bien qu'ils ne soient pas encore une menace.
Ils arrivèrent tous deux dans l'Académie de la Magie, entrant de le vaste hall bondé de jeune aspirants mage et autres élèves. Là, immobile, toujours autant impressionné par la majesté des lieux, son père, Ulic Ormal, se tenait debout en regardant le plafond peint qui représentait la chute de Sargeras. Quand il vit sa fille, son visage devint radieux et il la prit dans ses bras.
Aedhel aimait profondément son père, même si elle le voyait peu à cause des études. Elle gardait, inexplicablement, des souvenirs assez nets de sa première année passée avec lui, où elle eut le droit à tout l'amour du monde et aux meilleurs soins qu'il pouvait lui assurer, dans cette ferme perdue au milieu de nul part.
Après les retrouvailles, tous trois se réunirent dans une salle de méditation inoccupée de l'Académie, à la demande de Maître Qae. Autant de mystère autour de cette venue inquiétait Aedhel. Une fois installés autour d'une table ronde en bois de fer, dans une petite salle chaude, bondée de livres et à l'atmosphère chargée d'encens exotique des vertes vallée de Strangleronce, son père lui annonça gravement:
-Aedhel... Il y a des choses que tes Maîtres et moi t'avons cachés sur ta naissance.
Que l'annonce eut été si violente laissa la jeune fille muette, dans l'attente de plus d'explication.
-Tu sais que.... que ta mère est morte en te donnant la vie. Je n'ai jamais voulu... ou pu, à vrai dire, en parler plus souvent, par manque de courage. (Il semblait pensif, les yeux rivé sur un horizon lointain. Puis il revînt à sa fille, la fixant intensément) Tu sais, le Kirin Tor était de mon avis: tu n'étais pas prête pour cette nouvelle, tu étais...
-S'il te plait, Ulric, dit-elle. Dis-moi, maintenant, ne tourne pas autour du sujet...
-Tu ne devais pas naître. Tu n'aurais jamais du voir le jour, ma fille. Ta mère... ne pouvait pas avoir d'enfant. Nous avons tout tenté, mais aucun médecin, aucun magicien ne su guérir ta mère. Jusqu'au jour où un inconnu vînt à notre porte. Il disait avoir entendu parler de nous, de notre fardeau, et avoir une solution. Ta mère et moi étions si... désespérés, que nous l'avons cru. Il... a fait des choses, de grandes magies, déchaîné des pouvoirs que l'on ne soupçonne pas pour ce genre de "service", et on a longtemps douté que cela ai marché. Il est partit, sans rien demandé, sans que nous ne connaissions son nom. Mais cela a marché, ta mère est tombée enceinte. (Il marqua une longue pause, penseur, et reprit :) Nous n'aurions pas du forcer la nature. Nous aurions dû nous douter que, si ta mère ne pouvait enfanter, il y avait quelque raison. Car il se pourrait... il se trouve, même, que tu es la cause de sa mort, Aedhel.
Il y eut un lourd silence. La jeune fille demeurait silencieuse, comme si elle n'avait pas pu comprendre. Mais elle avait compris, et la douleur ne se faisait pas moins ressentir en son coeur à cette nouvelle. Cependant, elle demanda calmement:
-Pourquoi? (Ulric hésita un instant, jetant un regard au Maître Qae avant d'expliquer:)
-La Magie est forte en toi... cela provient, semble-t-il, de tes lointains ancêtres elfes, du coté de ta mère. Cependant... les êtres humains ne sont pas destinés à engendrer telle... puissance. Tu as été un trop lourd fardeau pour le corps et l'âme d'Eena. Pour que tu puisse vivre, il fallait des sacrifices. Celui de ta mère en est un.
-Mais... non... non, je ne suis pas si puissante...
-Tu l'es, Aedhel, intervint Qae. Tu as un potentiel formidable, rare chez des êtres humains. Et trop grand, aussi, la preuve en est.
-Qu'y a-t-il d'autre?
Les deux hommes se jetèrent un regard mutuel. Qae était plein de compassion, et Ulic de tristesse, mais aucun de répondit.
-Quels sont les autres sacrifice! s'emporta-t-elle. Tu as dit qu'il fallait "des sacrifices". Qui d'autre?
-Moi, répondit Ulric calmement. (Il y eut un moment de silence pesant, puis de reprendre:) Une malédiction me ronge... la... je suis une partie de ton pouvoir et il semble que pour qu'il s'épanouisse, je doivent... m'en séparer et mourir. J'ai le temps, encore. Des années. Mais c'est ainsi que je dois finir.
A cet instant, le coeur de la jeune fille était une ruine. Il n'y avait plus de volonté espiègle ou de douce jeunesse. Elle connut la désolation, et tandis que les larmes embuaient sa vision, Qae ajouta, comme pour la rassurer:
-Ce sont des choses dejà vue dans le monde de la Magie. Il y a des précédents, Aedhel. Je peux te présenter à...
-Mais je n'en n'ai rien à faire! hurla-t-elle. Rien! Peu m'importe les autres! Peu m'importe votre pitié! Je ne veux pas de pitié! Je ne veux pas de compassion, je suis une meurtrière.... Mon existence même est un meurtre! (Elle regarda son Mentor avec une rage qu'il n'avait jamais décelé en elle) Je... je... suis la destruction... que j'ai engendrée... Pas de compassion, Mage. Pas de ça!
-Aedhel, reviens! cria son père, trop tard. La jeune fille avait quittée la pièce en sanglot, pour se perdre dans les ruelles étroites de Dalaran.

Quand elle eut marché longuement, Aedhel s'arrêta. Elle avait atterrie dans une petite ruelle où la lumière naissante des étoiles du soir ne pouvait parvenir. Elle s'assit sur un banc, la tête entre les mains.
Etre Aedhel, ce soir là, était un fardeau. Votre cœur est si noir que tout trace d'espoir en a disparu. Votre âme si souillée par le destin, qu'elle crie au supplice. Vous souffrez, vous pleurez, car vous vous savez piégée. Vous êtes une malédiction, et vous le demeurerez. Et si votre nom signifie "Espoir" en elfe, à cet instant, ce mot n'a plus de sens car vous êtes seule... toute seule. Voilà ce que c'était, ce soir là, d'être Aedhel.

Mais là, tandis que la jeune fille se lamentait, un jeune homme approchait en silence. Il vînt s'asseoir à ses cotés, sans dire mots, sûrement par respects envers cet instant de deuil. Puis, Aedhel remarqua le jeune homme, et releva la tête, essuyant pudiquement ses larmes, pour le chasser.
-Allez-vous en...
-Et abandonner à la triste solitude une fille en pleurs? Car je ne crois pas me tromper en disant que c'est pourquoi vous êtes ici. (Aedhel eut un regard interrogateur, et le jeune homme répondit, un léger sourire au lèvre:) La solitude.
-Alors laissez la-moi si je l'ai cherchée... Allez-vous en.
-Je ne crois pas que vous l'ayez cherchée. Et si je vous laissais, je commettrais un sacrilèges en vous refusant toute aide.
-J'en ai demandé?
-Non, mais ça ne me parait pas être une bonne raison de vous laisser là.
-Et pourquoi croyez-vous que je me confierais à vous, et pas à un autre? C'est bien présomptueux...
-Parce que, si vous êtes là, c'est que personne n'a voulu -ou pu- le faire avant moi.
-Vous ne pouvez pas comprendre...
-Peut-être pas. Je ferais semblant, alors. En tout cas, j'écouterais. Comment vous appellez-vous?
-Aedhel...
-Alors, Aedhel, sachez que ce soir, vous n'êtes plus seule.
-Et quel est votre nom?
-Oredron, dit-il en souriant. Et, c'est une chance, j'ai du temps à vous consacrer!

Aedhel esquissa un léger sourire, peu convaincue. Mais c'était une première goutte dans l'océan de désespoir qu'elle éprouvait à cet instant. C'est ainsi qu'elle rencontra Oredron, celui qui serait pour les années à venir l'âtre dans laquelle sa passion brûlerait sa douleur.

III. Même les étoiles finissent un jour par mourir...

Aedhel avait dix-neuf ans. Voilà quatre ans qu'elle connaissait et aimait Oredron, le seul qui avait su guérir son coeur dans ses moments difficiles et qui avait le secret des mots qui guérissent. Elle l'aimait, peut-être car elle voyait en lui le père qu'elle n'avait jamais vraiment pu connaître à cause de ses études. Le jeune homme était pour elle plus qu'un amant: c'était le seul parmi tous les Hommes à avoir su écouter ses maux les plus sombres. Tout deux avaient leur part de mystère, leur secrets enfouis dans une mémoire hantée par des chimères. Chacun avait ses peines et ses chagrins, chacun avait son lot de blessures à l'âme, de celles qui font couler les larmes et rendent le coeur plus lourd. Mais, pour autant, tout deux s'étaient promis de veiller l'un sur l'autre ; il y avait une infinie confiance et un respect sans fin entre les deux amoureux, un lien si fort que même les ombres du passé ne pouvaient étendre leur ténèbres sur l'instant présent. Plus que de l'amour entre eux ; c'était la certitude absolue qu'il y aurait un avenir justifiant les souffrances vécues.
Etrangement, Aedhel avait finalement accepté le fait d'être une malédiction pour sa famille. Elle s'était faite à l'idée de ne pouvoir rien y faire, et de profiter de l'instant présent plutôt que de se plonger dans un avenir incertain. Forte de ses dons inné, elle était devenue l'une des meilleure aspirante mage de Dalaran, sinon la meilleure de sa génération, et elle avait cultivé ce pouvoir comme un don de ses parent. Le désir de devenir la meilleure avait germé en elle, comme pour honorer la mort venue et à venir de ceux qui le lui avait donné. Aedhel était décidée à ne pas gâcher le sacrifice d'Eena et d'Ulric.
Elle était devenue femme. Fine et élancée, son corps avait avec l'âge gagné en maturité pour devenir l'oeuvre d'art qu'il était. Telle une poésie, ses formes avaient leur rimes, leur sonorité et leur beauté propre qui se faisaient échos. Son doux visage portait ses deux grands yeux, tels deux émeraudes trônants fièrement au dessus d'une bouche fine et délicate. Sa longue chevelure blanche tombait sur ses épaules telle la cascade d'argent d'un long fleuve où les yeux se perdent. Elle avait le visage calme et serein, laissant à qui le veux penser qu'elle était sûre d'elle et en paix avec son âme. Néanmoins, on la voyait rarement sourire, bien que ce fût, dit-on, le plus beau spectacle de Dalaran, et nombreux étaient les jeunes hommes qui, voyant le dessin de son corps, avaient chantés ses louanges à la nature.

Elle et Oredron revenaient d'une longue et dangereuse mission en Alterac, où le Concil de l'Académie leur avait demandé d'enquêter sur d'étranges phénomènes magiques d'origine démoniaque. Les deux amants avaient bravés le blizzard et les dangers de la montagne pour enfin atteindre leur but : un campement orc, perdu au pied d'un contrefort montagneux, d'où semblait-il émanait les mystérieuses effluves magique. C'est en effet là-bas que de sombres rituels avaient lieux, et les deux mages s'étaient enfoncés, en pleine nuit, dans le complexe, pour découvrir l'horreur qui alors régnait sur les lieux. Les Orcs avaient initiés de longues incantations afin de rendre les ruines d'un ancien portail de la Seconde Guerre opérationnel. Leur ustensiles magique sur eux, ils avaient profité de la nuit et du repos des créatures pour analyser l'artefact, et en avaient conclus que le fragile lien qui s'ouvrait entre Azeroth et un autre monde commençait à se renforcer, à se stabiliser et qu'il serait bientôt possible, sinon de le franchir, de communiquer par son biais. Ils ne purent cependant découvrir d'eux-même vers quel monde menait la Porte, car ils eurent à affronter la garde orque, alertée par leur travaux insidieux, et durent fuir avec les précieuses informations. C'est épuisés, harassés, mais victorieux qu'ils rentrèrent à Dalaran.

Leur retour fît beaucoup de bruit dans les murs de l'Académie. En réalité, peu d'aspirant revenaient aussi rapidement de leur quête. Cependant, les deux amants préféraient relativiser en rapportant leur découverte, car le camp qu'ils eurent à pénétrer n'était pas un camp de guerre, et ils n'eurent pas à faire face à une réelle résistance. Ils reçurent néanmoins les félicitations des mages de Dalaran, et furent cités en premiers lors de la cérémonie de l'Arcana, qui visait en fin de cycle à faire des aspirants des mages confirmés. La fête fut, comme d'accoutumée, grande et majestueuse. La musique, magique ou non, résonnait entre les grandes tours de Dalaran et le peuple en liesse ne se priva pas ce jour là de danser et d'exprimer sa joie. On parla de la fête dans tout le pays, preuve, s'il en faut, de la majesté et de la grâce de la cité violette et de ses mages tout-puissant. Cependant, le coeur d'Aedhel s'assombrit, car une personne qu'elle chérissait n'était ce jour là pas présente, et elle se promit à elle-même de partir la voir. Elle le devait.

Les Mages qui étudièrent plus précisément les relevés des scrutateurs magiques qu'Aedhel et Orderon utilisèrent pour étudier le portail découvrirent que le fébrile lien qui s'ouvrait par le portail visait en réalité à relier le monde d'Azeroth à celui des limbes infernale des démons de la Légion Ardente. Bien qu'il était admis que les Orcs pactisaient avec les démons depuis fort longtemps, l'activité récente du portail ne semblait pas avoir été initiée par les Orcs. Il semblait au contraire que le lien se tissait directement depuis les limbes, comme si les démons avaient eux-même décidés de renier leur lien avec les Orcs. Les Magitechniciens et autres analystes se privaient bien, cependant, de délivrer à Aedhel la réelle signification d'une telle volonté de la part des démons. Elle les savait malgré tout suffisamment préoccupés par ces faits, même en ces périodes festives, au point d'avertir le Roi Terenas qui avait promptement promis d'envoyer des troupes sur places quand le moment serait venu.
Néanmoins, Aedhel ne portait pas de réelle importance aux préoccupation des mage en matière de démon à cet instant. Maintenant qu'elle était entrée officiellement dans les sphères du Kirin Tor, elle décida de s'éloigner un temps de Dalaran, et se fit la promesse d'aller revoir son père qu'elle n'avait pas vue depuis près de trois longues années et dont l'absence à l'Arcana lui avait parue douteuse. Oredron insista pour l'accompagner, mais elle refusa, car c'est là une tâche qui incombait à elle seule.

Le voyage fut long, comme à l'accoutumée, mais son nouveau titre de mage du Kirin Tor lui avait fait don d'un regain de confiance, et elle n'eut pas à faire face aux obstacles qu'elle devait habituellement surmonter en chemin. Elle arriva donc une soirée d'hiver devant la ferme de son père, vielle bâtisse isolée dans les plaines froides du nord d'Arathi. Elle frappa à la porte, un peu anxieuse de ces retrouvailles imminentes, et on vînt lui ouvrir. Son père apparut alors devant elle, sur le seuil de la porte, et un surprise mêlée de joie se lisait sur son vieux visage.
Qu'il paraissait las et usé! La vie semblait pour lui un poids que son corps et son âme ne pouvaient plus supporter. Il se tenait le dos voûté, comme si le fardeau qu'il transportait était trop lourd pour lui ; et ses yeux, vidés de leur éclat, surplombaient de grandes cernes témoins d'une grande fatigue. Ses cheveux hirsute d'un blanc laiteux étaient, au même titre que sa peau parcheminée, les symboles de l'âge qui ronge lentement le corps. Et cette vision heurta la jeune femme! Tant de contraste avec le père fort et aimant qu'elle avait connu, et si vite... Qu'elle est terrible, la lente mort qu'offre la vieillesse. D'autant plus que cette vieillesse-là n'était pas naturelle: Ulric n'avait pas l'âge de voir son corps rongé par le temps. Non. Aedhel, de par sa simple existence, en était responsable.

Les retrouvailles furent néanmoins chaleureuses. Aedhel réalisa à quel point son père lui avait manqué sans qu'elle ne s'en aperçoive. L'agitation de ses études avait complètement effacé ce manque intrinsèque à son âme. Tout deux allèrent s'installer dans le sobre salon, et contèrent l'histoire de leur vie durant ces trois dernières années. Au fil de la discussion, la nuit tombait sur les plaine d'Arathi, et tout deux ne s'étaient pas encore tout dit.
-Et comment se passent tes études? Les choses doivent tellement avoir changées en trois longues années...
-Je suis une mage maintenant, Ulric! dit elle, enthousiaste. C'en est finit, des études, je pourrait venir te voir plus souvent, et t'aider s'il le faut.
-Non... non, oublie-ça, ma grande. Tu as sûrement bien d'autre choses à faire que d'aider un pauvre vieillard, répondit-il en riant. Bien d'autre choses plus intéressante.
-Tu n'est pas un vieillard, affirma-t-elle avec une assurance absolue.
-Si, et tu le sais. Qui ne le verrait pas?
Alors qu'elle affichait un lourd silence, Ulric eut une petite moue, et une quinte de toux, et d'ajouter:
-Je me fait vieux. Vieux, et malade. Je... je ne peux même plus m'occuper de mes terres seul. La moindre de mes bête me résiste et je m'essouffles bien vite. Les Ferwings ont bien voulu m'aider, mais je détestes... (autre quinte de toux) Je détestes l'idée d'être assisté. Je me sens... faible.
-Ne dis pas ça, je t'en prie, tu n'est pas si vieux. Je sais qu'il y a encore en toi assez de force pour te battre!
-Parait-il, oui, répondit-il, l'air absent. Puis il plongea son regard gris dans celui de sa fille: Tu n'est pas dupe, Aedhel. Tu vois ce qui m'arrive, tu le savais, ce n'est que la triste réalisation d'une lourde destinée.
Oui, Aedhel savait. Elle plongea son regard à travers la fenêtre, dans les ténèbres de la nuit, comme pour fuir la réalité, mais Ulric continua:
-Je meurs, Aedhel
-Ne dit pas ça.
-Cela devait se passer ainsi. C'est... ma destinée. Je vais mourir, mais j'en suis fier, car ça aura été pour donner au monde la plus belle des créations.
-Aucune création ne mérite la mort d'un Homme! Je... Pourquoi vaudrais-je mieux que toi? Pourquoi?! (Elle avait crié ce dernier mot, et les larmes perlèrent à la surface de ses yeux)
-"Pourquoi" n'est pas une question qui se pose, Aedhel. (Il était devenu étrangement sérieux) C'est ainsi que les choses devaient se passer. Notre destin à tous est soumis à des règles qui nous échappent, et s'il y a, je pense, une raison à ta naissance, à ton pouvoir et à ma mort, il ne convient pas de la connaître. Nous... nous n'avons pas à nous mêler des méandres du Destin.
-Même s'il faut qu'il en soit peine et souffrance? Je refuse d'y croire.... Je refuse de croire que notre avenir ne nous appartiens pas, Ulric.
-Souffrance, douleurs, voilà des choses bien relatives, ma fille, pour nous autres pauvres humains. Des épreuves imposées, parce qu'ainsi est la marche du monde, rien de plus... (Il eut encore une quinte de toux, plus violente que les précédentes) Je ne dis pas que nous ayons à subir sans lutter. Mais il faut se rendre à l'évidence: le destin est souvent un chemin douloureux, car ceux qui l'on tracé aiment à croire que nous sommes autre choses que de la matière inerte! Ils nous imposent des épreuves impossibles, des dilemmes terrifiants et des choix difficiles, car c'est ce qui distingue l'Homme d'un vulgaire bloc de roche.
-Il n'y a pas d'épreuve. Juste une triste réalité qui passe et qu'il nous convient de changer... Ne me fait pas croire que ce qui t'arrive est une fatalité, papa. Les choses changeront. Je te le promet.
-Non Aedhel. Non... Elle ne changerons pas, personne ne change la marche du destin. Ce serait bien présomptueux! Arrogants que nous sommes, nous voulons tracer notre chemin hors des sentiers délimités par les dieux. Par orgueil, par fierté, peut-être par ignorance, nous nous croyons tellement... au delà de ces choses-là. Ne fait pas cette erreur, Aedhel, je t'en prie. Ne te surestimes pas. Les dieux, quels qu'ils soient, regardent avec tristesse l'Humanité échouer et semer la haine, l'horreur et la vanité sur son chemin dans le vain espoir d'échapper à son destin, car il en a peur. Ne soit pas aussi lâche que je l'ai été, et regardes-le en face, c'est encore le plus grand pied de nez qui tu puisse lui faire.
-Ulric...
-Fais-le. Et saches que tu devra encore affronter bien d'autres douleurs. Car, déçu de nous qu'ils sont, ces être qui nous voient de haut aiment encore à croire que nous somme plus que ce que nous paraissons, et ils nous mettent encore à l'épreuve, terriblement, et nous échouons encore, lamentablement, incapable de tenir des leçons du passé, et ainsi nous répandons-nous même la souffrance que nous maudissons. Couards que nous sommes, nous préférons écrire notre propre avenir en lettres de sang dans les larmes des dieux, Aedhel. Ne fais pas cette erreur. N'oublies jamais ça.
Elle ne dit plus rien, et regarda longuement son père, comme si le monde entier lui était soudainement tombé dessus. Elle se sentait... vide, incroyablement vide. Comme si tout espoir avait fuit. Mais elle refusait d'admettre sa défaite, car il n'y en avait de concevable à cet instant. Elle continuerait à lutter, jusqu'au bout, qu'une destinée existe ou pas.
Son père ne mourrait pas ainsi. Elle ne le tuerait pas. Elle s'en fit le serment.


Aedhel sortit alors, silencieuse, et les vents froids d'Arathi giflèrent son doux visage et séchèrent les larmes qui creusaient leur sillon sur sa joue. Elle leva alors les yeux au ciel, comme pour y chercher un signe ou une aide, quelle qu'elle soit, et se perdit dans la douce lueur de la lune et des étoiles immuables. C'est alors qu'elle vit l'une des plus brillante du ciel, trônant fièrement dans la voûte céleste comme un phare d'une incroyable pureté qui aurait éclipsée du sien l'éclat des autres, s'éteindre brusquement, et disparaître dans les ténèbres duquel elle était issue. Ainsi donc, Aedhel dut se faire à l'évidence de ce triste monde.

Même les étoiles finissent un jour par mourir...

IV. Le murmure du défunt

-Elle est morte.
C'est sur ces mots, prononcés par le Prêtre Guérisseur, que se firent entendre une série de sanglots dans l'assemblée. Sur une stèle froide, au centre de la pièce centrale du Temple, reposait ce qui semblait être une femme. Rien cependant, mis à part les vagues formes de son corps meurtri, ne pouvait laisser deviner qui elle avait pu être auparavant. Son visage ravagé ne laissait rien paraître des émotions qui l'avait jadis traversées, sa peau nacrée semblait reposer sur ses os, comme si la maladie l'avait dévorée. Il ne restait plus rien que la Mort insidieuse dans ce corps mutilé.
Pourtant, il fut une époque où cette femme était encore en vie, souriante et espiègle, et où le peuple de Dalaran l'aimait et la respectait pour ce qu'elle faisait dans la cité, car elle avait été la Grande Arcaniste de Dalaran.
-Nous n'avons rien pu faire. Cette... maladie est plus forte que nos sortilèges. Si tant est qu'il s'agit bien d'une maladie et non d'une malédiction, ce qui semble être plutôt le cas.
-C'est le Fléau! Nous allons tous mourir! s'écria une voix masculine dans l'assemblée, pris de panique.
-Gardez votre calme, nous trouverons un remède d'ici peu. Je vous promet que le Clergé ne laissera pas la Peste dévorante détruire ce qu'il reste du royaume de Lordearon. Par tout les Dieux, il doit exister une arme contre ce Fléau Mort-Vivant, et nous la trouverons!
-Le seigneur Arthas lui-même est contre nous, Monseigneur. Il a renversé le Roi! Il n'y a plus de Royaume, uniquement le chaos! Il a mené ses armées de mort comme une nuée sur les Sainte Terres de Quel Thalas, et même la grande Silvermoon est tombée! Qui sait ce qu'il prépare?
-Gardez confiance en Dalaran, mes frères. Dans cette lutte contre la Mort elle-même, nous devons rester soudés. Le Kirin Tor est un adversaire à la hauteur du Fléau, et ils ne nous détruirons pas sans que nous ne déchaînions la fureur des arcanes sur leur horde décérébrée.
Il y eut un des murmures dans la salle, et il semblait que l'assemblée prenait confiance et le peuple de Dalaran, à cet instant, était persuadé d'être à l'abris du Fléau.
Aedhel savait que ce n'était pas le cas.

Voilà deux ans que les royaumes des Hommes tombaient petit à petit. Il y eut d'abord la peste rampante qui frappait les contrées une par une, puis le Prince Arthas, chargé par Uther de résoudre la crise, avait été pris de folie et avait rasé Stratholme, avant de partir pour le Grand Nord chasser les démons. Il revînt victorieux, et terrible, et il prit la couronne à son père avant de mener ses troupes macabres sur ce qu'il restait de Lordearon, avant de jeter son dévolu sur le royaume sacré de Quel Thalas. On dit même que le Puit Solaire est tombé sous ses assauts, et qu'il en est revenu plus fort que jamais...
Les rues de Dalaran étaient vides, comme si la Peste avait déjà frappée la ville. Aedhel emprunta les avenue désertes en direction de ses appartements, dans la Cité Académique. Elle parcouru les long corridors du bâtiment, traversa la grand cours où seuls quelques rares élèves s'aventuraient encore, et gravit le grand escalier qui menaient aux chambres.
Quand elle franchit le seuil de la porte, une voix, pourtant familière, la fit sursauter.
-Ae! Tu m'a tellement manquée! Et Oredron, l'air inquiet, se précipita sur elle pour l'etreindre.
-J'ai eut si peur pour toi... Tu va bien? dit-elle en le regardant de haut en bas.
-Moi, ça va. Mais si tu savais... l'horreur que j'ai vue. (Aedhel pu lire l'horreur dans ses yeux). Il ne reste plus rien là bas, plus rien que la mort et la désolation. Le Fléau est passé et il a détruit tout ce qui avait une once de vie, et jusqu'à la mémoire même de ceux qui vivaient dans ces montagnes. Et souviens-toi du Portail que l'on avait vu là bas ; ils l'ont ouvert, Ae. Le Fléau est entré en contact avec les démon de la Légion.
-C'est terrifiant... Tu en a parlé au Concile?
-Bien sûr. Et derrière leur apparence sûre et sereine, je les sens terrifiés. Quelque chose de terrible va arriver, Ae. Quelque chose qui va changer à jamais la face du monde.
-Pourquoi t'ont-ils envoyé, toi, aller revoir ce camp orc? J'ai eu si peur, après tout ce qu'on dit sur le Fléau... J'aurais pu venir avec toi, j'aurais pu t'aider... je m'en veux, tu sais...
-Oublie-ça, mon ange. Je suis là. Maintenant, je ne te quitterais plus, nous lutterons ensemble contre ces choses. Je te le promet.
Sa simple présence rassurait Aedhel, et elle lui faisait confiance. Néanmoins, il lui restait une dernière chose à accomplir avant que le Fléau ne vienne dans les terres de Dalaran. Elle devait aller chercher son père, et le mettre en sécurité dans l'enceinte de la ville. Oredron proposa de l'accompagner, mais elle refusa. C'était là son histoire, son fardeau, et sa tâche.

Aedhel partit tôt le lendemain, après une longue nuit passée auprès de celui qu'elle aimait. Oredron la supplia d'éviter le Fléau, et elle tînt promesse, sans en être convaincue. Elle sortit des murs de Dalaran, chevauchant aussi vite qu'elle le pouvait, traversa les contrées désolées de Hautebrande, où la Peste avait frappé comme un charognard affamé sur les faibles paysans, et la douleur pouvait se lire sur le visage de chacun. Elle arriva enfin en Arathi, dans les Hautes Plaines qui avait bercés sa toute jeune enfance, et elle aperçu, avec horreur, que le Fléau était fort présent dans ces contrées.
Elle aperçut un attroupement de goules avancer, machinalement, vers la ferme des Ferwings, et elle se précipita à la ferme de son père le coeur battant.
Quand elle arriva sur place, elle ne vit aucune trace du Fléau mais il ne restait aucun signe de vie. Les animaux avaient disparus, les champs étaient en friche, et Aedhel prit soudainement peur. Elle entra dans la
maison, sans prévenir, et elle sentit l'odeur de la mort et de la pourriture envahir ses narines. La jeune femme avança péniblement, dans l'ombre, et perçu un gémissement dans le salon, où elle se précipita immédiatement. Un corps, allongé au sol, respirait faiblement, le teint livide, les yeux exorbités. Il était adossé contre la plinthe, fébrile, et Aedhel s'agenouilla à ses cotés pour l'aider. Mais, d'un geste violent, l'homme la repoussa.
-A... Aedhel, c'est bien... ça? réussit-il à articuler avec difficulté. Il reprenait régulièrement son souffle, comme si l'air qu'il respirait était vicié. Ce qui n'était pas loin d'être le cas.
-Oui. Oui, qui êtes-vous?
-Orson... Fer... wing. Je venait... régulièrement... aider votre père... ici...
-Où est-il?
-Oh... il avait soif... soif... il avait faim... je lui prépare... juste à manger parce que... il est faible vous com... comprenez madame?
L'homme lui souriait, révélant une rangée de dents pourries, comme s'il avait oublié sa condition, et se releva soudainement, comme prit d'une énergie insoupçonnée.
-Passez-moi les légumes, ce ne sera pas long.
-Monsieur Ferwing? Où est mon père? Ulic Ormal? (Soudainement il se rafaissa, épuisé)
-Ulic... Ulic. Ils n'aiment pas... les vivants... Oh non, ça... ils n'aiment pas ça alors... ils... doivent les prendre pour... jouer?
-Jouer?
-Avec... eux comme des pantins! On est.. des pantins! Juste de la... chaire à canon... pour... s'amuser pour eux. Passez-moi les légumes, nom d'un chien, Ulic ne va pas attendre longtemps. (Il avait dit encore une fois ces derniers mots comme s'il était au meilleur de sa forme. Cependant, du sang coulait de ses yeux comme s'il s'agissait de larme)
-Monsieurs vous n'allez pas bien. Mon père n'attend pas que vous lui prépareriez à manger. Dites-moi où il est, je vous en supplie.
-MENTEUSE! cria-il. Ils jouent... avec... ils ont le droit après tout, non? Ha... et les mouton... Ah oui je dois mettre les moutons dans l'étable... oh merde... J'aimerais bien qu'ils joue avec moi... JOUEZ AVEC MOI! (Il semblait dément) VENEZ! JE VEUX... PAS... voir... ça. Partout. J'ai faim. J'ai...
-Vous ne...
-Partout. Des centaines... à jouer avec notre... chaire comme... ça (dit il en souriant fébrilement) COMME CA! (Pris d'une soudaine frénésie, il arracha de ses mains des lambeaux de chaires putréfiée sur son visage et ses bras, et du sang coulait à flot sur le sol du salon) ILS SONT LIBRES... EUX! LIBRES! ILS PEUVENT JOUER! J'ai... faim... mal... ils ont tué ma femme. Il ont joué avec elle comme avec... moi. Les moutons vont pas trop mal se porter, vous pensez, monsieur Ulric? Je dois rentrer vers dix-neuf heure pour... manger... manger... faim... Je sais pourquoi ils... vous ont emporté... dans leur maison d'os... près des montagnes... pour.. JOUER! JE VEUX JOUER AVEC LA CHAIRE AUSSI! ETRE... LIBRE AUSSI! AUSSI!
Il se leva, comme animé par une force plus grande que lui, et se jeta sur Aedhel pour la dévorer. D'un seul geste, d'une seule incantation, ce qu'il restait du vieil Orson Ferwing brûla vif sous les yeux de la jeune femme. Il y eut un cri, terrifiant, un cri d'agonie et de détresse, et le corps mutilé se consumait, encore agité de spasmes. Bientôt, il ne bougea plus, et il s'éleva dans l'air une odeur inhumaine, insupportable.
Le voilà le Fléau. La Folie et la Mort.

Aedhel sortit de la ferme en courant et en hurlant. Elle pleurait, horrifiée, et s'effondra au sol, en sanglot, labourant la terre de ses doigts. Elle n'osa se relever qu'après un moment, plus déterminée que jamais, et prit sa décision. Elle monta son cheval, et se dirigea vers les montagnes du nord ; elle retrouverais son père, quoi qu'elle dusse braver.

V. L'avenir résonne aux oreilles d'un mort comme une promesse oubliée

Elle avait bravé la nuit et la mort, et le froid qui glaçait son sang à mesure qu'elle s'approchait des hauts contreforts du Nord semblait tout sauf naturel. Elle vit des contrées ravagées par la peste, des villages entiers vidés de toute vie et des charniers humain élevant dans les cieux rouges de sang les cendres fumantes de ceux que le Fléau avait touché. La douleur, le désespoir et la peur se lisaient sur le visage livides des rares vivants qui faisaient encore front aux Mort-Vivants, avec la dernière once de volonté que la Mort elle-même de son sourire décharné ne leur avait pas volée. Et quelle fut leur surprise, à ceux-là, de voire une jeune mage de Dalaran qui semblait si pleine de vie s'avancer avec l'assurance du démon au coeur même de l'Enfer.
Plus elle s'avançait, plus se multipliaient les Ziggourats et les tours macabres du Fléau comme autant de rictus à la face du monde. Et de ces fabriques de mort jaillissaient sans cesse des armées implacables de non-vivants aveugles qui furent jadis les fidèles combattant de Lordearon, de Quel Thalas ou du Kaz Modan. Autant d'armes serviles au service de la Fin de toute Vie, sous la volonté despotique de leur maître à tous, le mystérieux Ner'Zhul que nul n'avait vu ou côtoyé si ce n'est dans les plus anciennes légende de Draenor. Mais Aedhel ne faiblit pas et jamais elle n'arrêta sa longue marche pour abattre ces ennemis, et elle galopa au grand Nord, à la racherche de la Maison d'Os que l'homme fou lui avait suggérée.
Pourquoi lui faisait-elle confiance? Elle-même n'aurait su le dire, si ce n'est qu'elle était intimement convaincue que la folie du vieil homme avait caché ce qu'il lui restait de lucidité de d'humanité. Elle n'avait de toute façon pas d'autre destination, et quitte à courir à la rencontre de la Mort, autant courir vite. C'est ainsi qu'elle finit pas arriver en vue des hauts contreforts des monts d'Aerie, caressant de leur pics acéré la voûte céleste qui pleurait ses mort dans une averse torrentielle. Et c'est là qu'elle vu la Maison d'Os.

En fait d'une Maison d'Os, il s'agissait plus d'une immense nécropole macabre qui semblait flotter doucereusement au raz du sol, comme portée par d'anciennes et sombres magies. Il y avait quelque chose de presque envoûtant dans cette architecture de mort qui trônait fièrement sur la vallée aride des environs, et Aedhel se surprit même à y trouver une certaine grâce. Une grâce terrifiante, symbole même de l'horreur du Fléau.
La Nécropole flottait au dessus de ce qu'il restait d'un ancien village dont le nom avait déjà été oubliée, et que la vie avait définitivement abandonnée. Elle s'approcha lentement, avec toute les précautions possibles, de l'immense chose qui narguait le monde entier de sa pestilentielle présence, et n'oublia jamais alors les voix torturées qui gagnaient son esprit au fur et à mesure de son avancée, comme autant de défunts à l'âme tourmentée qui avaient trouvés en elle une quelconque aide à leur douleur.
Mais Aedhel ne pouvait rien faire, et elle ne put que chasser ces esprits du sien. Elle ne pouvait cependant oublier le nom de la terrible Nécropole qui avait été l'origine du Fléau dans cette contrée.
Naxxramas...
Elle s'approcha alors, se frayant un chemin entre les corps décharnés des zombies qui lui opposaient une piètre résistance. Faisant fi de l'odeur pestilentielle de la pourriture et de la décomposition de la chaire, elle trouva ce qu'elle cherchait: un porte d'entrée. Comme un sombre autel animé de courants magiques instables, un piédestal s'élevait au centre du village, émettant une lumière verdâtre au ciel, droit vers la Nécropole. Sans hésiter, repoussant d'un dernier sorts les faibles squelettes et les zombie qui s'opposaient à elle.
Et elle mit le pied au coeur du cauchemar.

La première vision qu'elle eut fut le sol froid de la nécropole, taché de sang encore frai. Puis vînt à ses oreilles le cri terrifiant d'un être qui hurlait de douleurs et de peine, et elle se releva en sursaut pour voir apparaître devant elle la salle centrale de la Nécropole, baignée dans une lumière macabre. Elle s'avança, lentement, s'attendant à une terrible opposition, mais il n'y avait rien de tout cela, et elle continua alors, ses pas guidés par une volonté inflexible qu'elle ne pouvait renfrogner. S'enfonçant toujours plus profondément dans l'antre du mal, elle vit des choses qui dépassait l'imagination humaine et la toute la cruauté dont elle pouvait être capable. Elle vit des salles entières dédiées à la souffrance et la douleurs. Elle vit des êtes enfermés dans des cages, vivant une horreur sans fin qui faisait de la Mort un don du ciel. Elle vit des corps déformés, charcutés, remodelés à l'image de la terreur comme autant d'avatar de guerre. Elle entendit des hymnes macabres hurlés à la gloire de la Fin de toute Vie et que l'Agonie elle-même chantait avec enthousiasme.
Jamais son coeur ne fut soumit à si rude épreuves. Jamais elle n'oublierait. Ce qu'elle vit était bien pire que l'Apocalypse ou la Mort. C'était le Vide, presque envoûtant, celui qui demeurait après que toute réalité se soit effondrée et que le Vie ai perdu son sens.
L'Annihilation.
Plus elle avançait au coeur du cauchemar, plus son âme se vidait de son essence. Chaque pas qu'elle faisait l'éloignait un peu plus de ce qui lui restait d'humanité. Des voix s'élevèrent vite dans son esprit ravagé, non plus celle hurlantes d'âmes en peine, mais celle de créature à la voix susurrante et séduisante. Des voix froides, claires, et douces comme peut l'être la brume flottant au sol. Suaves. Envoûtantes.
Sans l'apercevoir, elle marchait d'elle-même se se retrouva dans une immense salle dont la voûte disparaissait dans l'ombre. Elle ne vit pas les bassins de sang bouillonnants qui s'agitaient à ses coté. Elle ne vit pas plus la horde grouillante de morts gémissants, de gargouilles, d'horreurs rampantes et d'autre abominations de chaire recousues qui lui faisaient une haie d'honneur vers le centre la colossale pièce, tendant leur bras décomposés à son passage comme pour l'acclamer. Elle ne vit rien de tout cela, mais n'entendit qu'une seule voix en elle, claire et doucereuse qui lui murmurait de sombres pensées et l'amenait... là... où elle devait être...
Puis elle fit face alors à un grand homme en armure de saronite noire de jais, aux cheveux blanc comme l'est le givre et au regard de braise. Un homme qui semblait vieux, sage, et que la corruption avait préservé de la Mort. Un homme qui était au delà de la Mort. Et cet homme s'exprima à elle en ces termes, d'une voix grave et suave, qui fit silence dans la salle:
-Bienvenue dans ton nouveau Royaume, Aedhel. Bienvenue chez toi.
Elle se garda bien de tout commentaire. Elle n'avait de toute façon pas envie de parler, mais elle voulait écouter, apprendre de cet homme et boire ses paroles avec passion.
-Nous t'attendions, Aedhel. Nous savions que tu viendrais. Si... prévisible êtes-vous, vous les vivants, qu'il suffit d'un être cher pour vous mener droit dans une impasse. (Il s'arreta un instant, et reprit). Néanmoins, tu n'es pas dans une impasse, Aedhel. Le Fléau va te sauver. Je suis le Généralissime Alexandros Mograine, le Porte-Cendre, au service de notre nouveau maître à tous Kel'Thuzad. Il est absent, en croisade noire avec votre prince bien-aimé, mais a porté une attention particulière sur toi, Aedhel, et sur ton terrible pouvoir. Tu... l'intéresse depuis déjà fort longtemps. A vrai dire, ta lignée avait déjà tracé ton destin. Fille d'une mère elfe et d'un père humain, voilà une parenté qui t'offrait tant de possibilité. Mais ton père t'as-t-il déjà parlé des origines réelles de ta mère? (Il souria) Non... trop lâche pour assumer que sa fille perde une part d'humanité. Car ta mère, Aedhel, est le fruit de la perversion qu'on les Grand Dragons à se faire humain. Oui, tu es, finalement, lointaine descendante de Neltharion lui-même, l'Aspect de la Terre, Deathwing.
Aedhel sentit son coeur se retourner à cette révélation. Cependant, elle ne pouvait pas bouger, et contre toute volonté, elle désirait encore entendre la voix de Mograine. Douce et... qui paraissait si juste...
-Héritière de l'audace des Hommes et de la terrible puissance des Dragons, particulièrement celle du Traître! Quel immense potentiel était-ce là... Il ne manquait plus qu'un élément déclencheur et ton pouvoir allait s'exprimer librement. Ainsi, Aedhel, ta destinée était toute tracée, et nul liberté ne se dessinait en elle. C'est Kel'Thuzad lui-même, bien avant qu'il ne devienne liche, alors que son lien avec Ner'Zhul commençait à peine et qu'il préparait déjà la grande invasion, qui te dessina de ses mains habiles. Tu ne dois pas ta naissance à tes parents, jeune fille. Tu es maudite depuis ta création, destinée à devenir le réceptacle au pouvoir de ton ascendances, au service du Fléau comme l'une de ses plus terrible arme. Et quand ta malédiction aura rongé ton père, l'emmenant dans un royaume que la mort elle-même ignore, brisant comme elle le doit les dernier liens qui retiennent ton pouvoir... tu deviendra finalement ce pour quoi tu as été créée: une arme.
Elle le vit alors. Enchaîné, hurlant, à un pilier de roche dressé au coeur de la salle. Agitant ses chaînes d'un vain désespoir, Ulric, son père, se débattait tel un demeuré, comme ayant perdu toute raison.
Douleur.
Souffrance.
Horreur.
Regrets.
Voilà ce qu'il restait de son père. Voilà ce qu'il restait du dernier être qui lui faisait confiance juste pour ce qu'elle était. Voilà ce qu'il restait de l'être qu'elle avait adulé, aimé et respecté comme une fille aime son père.
Et elle vit alors perler une larme, seule sur un visage déformé par la mort, comme le dernier signe de l'humanité qu'il y avait encore dans cet homme.
-Le sacrifice de la mère. La malédiction du père. Et l'ascension. Tout se termine comme cela à commencé. Tout se termine comme il se doit. Dans le sang.
A cet instant, Aedhel vit poindre en elle la lame brûlante de la haine. A cet instant, Aedhel fit appel à son pouvoir héréditaire pour la première et la dernière fois. Et de la fureur des dragon, de la volonté des Hommes, il y eut une insurrection en elle, qui éclipsa l'empire de Mograine.
Alors, elle décida. Alors, elle se tourna vers Ulric et marcha d'un pas assuré sous les yeux ébahit du chevalier de la mort. Alors, une dernière fois, elle porta les yeux sur cet homme qui jadis avait été son père. Alors, elle tînt sa promesse, et son père ne mourrait pas ainsi. Elle tendit le bras, et annonça d'une dure voix:
-Non, Mograine. Rien n'est écrit.
Et d'un seul geste, elle libéra tout la fureur qui s'était accumulée en elle, tout ce pouvoir accablant, cette force écrasante et inflexible. En un instant, il y eut de la lumière, terrible et aveuglante, il y eut un silence, et l'éclat disparu. La main droite tendu vers le torse de son père, Aedhel se tenait, fixe, le visage impassible et terrifiant. Et l'homme enchaîné choit le long du pilier de pierre, retenu par ses chaînes comme un pantin que l'on délaisse. La vie avait quitté ce corps, et de malédiction il n'y eut plus.
-Vous avez perdu, Chevalier de la Mort.
Il y eut un cri de haine. Il y eut une armée de morts affamés qui se précipitèrent sur la jeune femme. Puis, Aedhel réunit ce qui lui restait de force, et dans un dernier effort, passa outre l'espace et le temps, et la vision de cauchemar de la nécropole de Naxxramas disparut de ses yeux.

VI. Dernière complainte
Elle réapparut l'instant suivant au coeur de sa cité bien aimée de Dalaran, allongée au sol.

Faible, épuisée, elle se sentait vide. Ainsi, elle avait brisé la malédiction, et jamais son pouvoir ne s'exprimerait. Elle sentait son essence quitter son corps, comme si sa vie sans ce pouvoir n'avait de sens.
Quand elle se releva, ce qu'elle vit fut la destruction.
Sa cité en flamme, en proie à la guerre. Elle vit les cadavres au sol, elle vit les tours de la citadelle violette effondrées. Elle vit la mort, la désolation, l'horreur... encore une fois. Les goules, les morts s'élever, se battre, et semer la désolation. Comme si cela ne pouvait la quitter, comme un lourd fardeau qu'elle porterais sur son chemin.
C'est dans ce chaos qu'il vînt à elle. Oredron, une main à l'épaule, accourait vers elle, paniqué, et la prit dans ses bras. Elle vit qu'il saignait abondemment à l'endroit qu'il couvrait de sa main, d'une large plaie infectée. Et quand elle lui demanda ce qu'il se passa, il lui répondit:
-Le Fléau attaque Ae... Le Fléau a gagné... Ils viennent chercher quelque chose ici, ils viennent...
-J'ai vu le Fléau. Ce n'est pas la destruction qu'ils cherchent. Non... C'est la corruption. Au-delà de la mort. Au delà de la douleur...

Il la serra encore plus fort dans ses bras. Et cette étreinte était chaude, douce et rassurante. Et ce baiser qu'ils se donnèrent était plein de vie. Et le temps s'arrêta alors sur cet instant. Eternel. Comme le plus grand pied de nez au chaos qui les environnait.

Alors une ombre les enveloppa, celle d'une silouhette. El ils regardèrent tout deux le visage de l'homme sur son destrier de cauchemar qui s'était approché d'eux. Fin, le teint nacré comme la mort elle-même, de long cheveux d'argent tombant, et un regard qui semblait se perdre dans les abîmes de l'oubli. Il y eut un léger rictus sur ce visage. Et une main gantée leva haut dans le ciel une lame maudite qui murmurait à la mort, qui s'abattit sur Oredron et le faucha d'un seul coup fatal. Le corps du jeune homme s'affaissât au sol dans un bruit sourd. Puis le visage se tourne vers Aedhel, jetant sur elle son regard. Une voix retenti, froide, sans vie, comme toute la désolation qui les entourait.

-J'ai... l'impression de te connaître, jeune fille.

Il hésitât un instant, puis de reprendre:

-Goûte au froid murmure de Frostmourne, maintenant.
-Qu'importe, prince... je suis déjà morte...

Et il y eut un bruit de chaire tranchée.
Et il y eut de la douleur.
Puis il n'y eut que la liberté. Enfin. De ces chaînes maudites, il ne restait que souvenirs s'effaçant dans le néant.

Ici prend fin l'histoire d'Aedhel, la jeune fille maudite qui portait l'espoir en son nom.

Ici commence une autre, né de la mort et de l'oubli. Ici commence l'histoire de celle que désormais le monde connaîtra sous le nom de Shâni.
_________________
[center]Winter is coming
02/02/2010 15:07
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K
GM


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MessagePosté le: 02/02/2010 18:18    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
Oh putin gg.

( J'ai pas lu )
02/02/2010 18:18
Auteur Message
Sephya
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MessagePosté le: 02/02/2010 18:46    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
moi non plus trop long Smile
_________________
02/02/2010 18:46
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Xorbid Amadeus


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MessagePosté le: 02/02/2010 19:18    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
Moi j'avais lu chez Augure ,beau travail <3
_________________
Pourquoi rougis-tu d'entendre prononcer le nom d'une volupté dont tu ne rougis pas d'en éprouver l'attrait dans l'ombre de la nuit ?
02/02/2010 19:18
Auteur Message
Alex


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MessagePosté le: 02/02/2010 20:48    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
Nice !!



































J'ai po lu non plus .... mais promis je lirais ^^
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02/02/2010 20:48
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Ohroh
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MessagePosté le: 02/02/2010 21:18    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
Je viens de lire.
C'est bien écrit, un brin pompeux par endroit même si cet écueil est, bien des fois, évité avec brio. Pas ou peu de répétitions, ce qui rend la lecture fluide et agréable. Les parenthèses sont bien utilisées (ni trop fréquentes, ni trop longues). J'ai même cru décelé une touche de Pratchett (hélas non renouvelé) dans la formulation d'un paragraphe, autant dire que ça m'a botté.
L'histoire est prenante (et pourtant je ne suis absolument pas fan du background de Dalaran et des magi) et on s'installe aisément aux côtés de Aedhel pour les années de sa vie. En plus, même la chronologie me semble plausible dans la timeline de Wow.

Pour les points noirs, il y a énormément de fautes d'accord (mais je chipote là), surtout sur les adjectifs et sur le pluriel. J'ai eu l'impression par moments de "sortir" du background de Warcraft quand tu développes certains points (notamment Mana et les Dieux).
Et dernier point génant, je n'ai jamais été fan de "l'Elu" héritier d'une puissance dantesque et destiné à botter le cul de toutes les puissances du monde. C'était déja borderline chez Moorcock et son champion éternel à toutes les sauces, stop n'en jetez plus. :p

SPOILER
Fille de Neltharion, descendante des elfes, engendrée par Kel'Thuzad et (future) réprouvée, le cumul des mandats est un peu lourd à mon avis et il aurait été plus convaincant de simplifier ce noeud du destin tressé de trop de fils différents.
/SPOILER

De très légères critiques (mais il en faut, c'est comme ça qu'on progresse non?) donc vu que j'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce RP qui n'est que trop rare dans l'océan de +1 nide looteuh qu'est Wow.
Félicitations.
_________________
02/02/2010 21:18
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Lórwen
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MessagePosté le: 02/02/2010 22:47    Sujet du message: [RP] Un requiem pour une damnée Répondre en citant
Merci tout le monde

Merci Ohroh tout particulièrement, j'apprécie les critique complète comme la tienne :) C'est vrai qu'a la relecture je trouve aussi quelques moments assez long. La première version comptait tout une partie que j'ai supprimée à l'époque, relatant leur passage dans le camp Orc, qui apportait peu de chose à l'histoire et était assez mal raconté. J'me suis aussi, comme tu l'a précisé, particulièrement attaché à éviter les lourdeur de syntaxe, faute de l'avoir entièrement fait dans la narration. L'idée quand je l'ai postée ici et même sur les fora d'Augure était tout de même de garder l'histoire telle que je l'ai écrite il y a deux ans, sans la mettre à jour avec les goût / inspiration d'aujourd'hui, avec les lecture que j'ai faite depuis. A l'époque, c'était full SF / Heroic Fantasy, de mémoire je devais sortir de la lecture des Cantos d'Hypérion, je me sentait pousser des ailes.

Pour les dieux, la mana etc, j'essaye en effet de m'éloigner du Background de Warcraft sans pour autant l'ignorer. Pour ceux qui sont habitués aux reprises d'Univers, comme celui de Star Wars par exemple avec l'Univers Etendu, je n'écrit pas "Canon". J'aimais l'idée que la barre bleue sous ma barre de vie était autre chose qu'une simple extrapolation d'un potentiel, ou autre, et qu'il existe vraiment une Mana, comme une sorte d'énergie universelle baignant le monde. Pour les dieux, je suis particulièrement attaché au fait que chaque personne, même dans un contexte fictif, à ses propres croyances. Ceux-là ne sont évoqués que par le père, et c'est son point de vue, sa vision de choses ; on peut cacher beaucoup de concept derrière celui de dieux :) Ca, ajouté au fait que ce n'est pas absolument non-canon. Elune par exemple, est une déesse, à part entière, dit-on née avec le monde. Sans vouloir m'étaler dans un cours de mythologie WoWienne ( :p ), le Monde naquis bien avant les Titans, un monde né on ne sait comment (Chitz Meiden ne précise pas ; divinité, ou grande explosion, dit-il). Les titans ne vinrent qu'après pour ordonner le chaos du monde. Mais oui, tu as raison, je m'égare du canon de WoW, et c'est voulu :) Par exemple (et on me dit dans l'oreillette que tu as fait de même :p) Lórwen est une drow, et je finalise encore son histoire, or il n'y a nul drow dans le monde de Warcraft ^^

Pour finir, sur le coup du grobill, héritier d'une puissance immense, ça sert à justifier l'idée de l'histoire. Cette histoire est juste une forme "d'hymne au libre arbitre" autant qu'un background (toute proportion gardée :p), et j'avais besoin d'un canevas. C'est celui que j'ai trouvé à l'époque: une femme qui hérite d'un immense pouvoir qui est autant un don qu'une malédiction, l'un comme l'autre étant supposé être des fatalités. L'idée est que Kel Thuzad, voyant cette lignée draconique, à eut l'idée de croiser le sang des dragons et des hommes, et d'éveiller les anciens pouvoirs des dragons à travers un sombre rituel sacrifiant père et mère. Il a donc forcé un peu la naissance d'Aedhel, et y a ajouté un peu du sien afin de créer une machine de guerre au service du Fléau... ce qu'elle ne sera pas. Elle préféra tuer son père plutôt que le voir mourir d'une malédiction, et perdre ce pouvoir. Ce libre-arbitre se termine tragiquement en effet, l'idée étant "plutôt mourir que de ne pas avoir le choix". C'est vrai qu'après coup, j'y voit une deuxième lecture qui est "choisir ne sert finalement à rien", message que je ne tenais pas à faire passer, mais à l'époque je n'avais pas su maîtriser cette nuance :p
D'un autre coté après réflexion, un happy end ne m'aurait pas vraimement plu. Ça aurait voulu dire "choisir n'apporte que du bon" ce qui n'est pas vraiment l'idée. Même écrit après avoir connu la chose, ça s'approche de l'idée de Sartre, comme quoi "on a toujours le choix".

Et heu... bah ça m'a donné envie de finir le BG de lolo :p
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[center]Winter is coming
02/02/2010 22:47
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